Le défi de l'art en pays minier :
Les Bourgeois de Calais,
Le Théâtre Populaire des Flandres
La presse évoque encore aujourd'hui le
Festival
National d'Art dramatique qui se tint en plein pays minier
à Hénin-Liétard en juillet 1953, et
mentionne la participation de Roger ALIQUOT qui y contribua en en
créant les décors et les costumes.
" En 1953, Cyril Robichez crée à Hénin
le Théâtre populaire des Flandres " -
La Voix du Nord (25.08.2010)
Il s'agit déjà du
deuxième festival national d'art dramatique
d'Hénin-Liétard, initié par Albert VANDER,
élève de Charles DULLIN,
lui-même apôtre de la décentralisation, et
de la première création, en temps que tel, du
Théâtre Populaire
des Flandres.
Lors du premier festival, en 1951, la
pièce Macbeth de Shakespeare est
interprétée, sur le parvis de la Mairie
d'Hénin, devant quelque 10 000 spectateurs. La troupe est
alors essentiellement parisienne : Loleh BELLON,
Muriel CHANEY (Lady Macbeth), Raymond
HERMANTIER (Banquo).
En Juillet 1953, Les Bourgeois de Calais, une
pièce de théâtre de Jean
DAVRINCOURT, acclamée par une foule plus
nombreuse encore, signe le succès du pari risqué
par Albert VANDER, Cyril
ROBICHEZ et les protagonistes de cette manifestation, de
sortir le théâtre
de ces lieux dorés que sont les capitales, fussent-elles
régionales, et de porter la tragédie devant le
peuple du Nord, là où il se trouve, à
deux pas des puits de mine. Ils poussent jusqu'au bout le
principe de décentralisation et d'ouverture au plus large
public, un public composé d'ouvriers pour la plupart
mineurs de fond, en montant ce spectacle de toutes pièces
à partir des ressources locales : les acteurs sont locaux,
la musique de scène est composée par
Maurice LENFANT, carillonneur régional,
et Roger ALIQUOT, peintre régional,
totalement partie prenante de ce projet, en assure les
décors et les costumes.
" Pour la première fois :
Un sujet du nord,
Des animateurs du nord,
Des comédiens du nord,
Une musique et des décors du nord,
Pour un public du nord. "
Stéphanette
Vendeville (2005), Au maître nu, Albert Vander,
Paris, Éditions L'Harmattan, p. 22.
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Affiche de la pièce de théâtre Les
Bourgeois de Calais
Cette expérience, partagée avec
enthousiasme par Roger ALIQUOT, constitue une étape
essentielle dans les annales du théâtre contemporain
et de la pratique artistique en province en ce qu'elle apporte la
preuve que l'art n'est pas réservé à une
élite mais peut être partagé par tous ; qu'il
peut s'exprimer ailleurs que sur les scènes parisiennes,
sur le parvis de l'église Saint Martin à
Hénin-Liétard par exemple dans le cas des
Bourgeois de Calais ;
qu'une tragédie peut
aussi bien atteindre le cœur d'un mineur de fond ou d'un
maçon que celui d'un lettré.
Maquettes des décors de la pièce Les Bourgeois de Calais,
qui tiennent compte du parvis de l'église Saint Martin
à Hénin-Liétard
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Cyril ROBICHEZ, Roger ALIQUOT et Albert VANDER
dans l'atelier du peintre travaillant sur les décors et
les costumes de la pièce en 1953
À l'occasion de cet
événement, Roger Aliquot organise une exposition
particulière de ses œuvres avec le concours de la
municipalité d'Hénin-Liétard dans les salons
de l'Hôtel de Ville du 28 juin au 14 juillet 1953.
La participation de Roger ALIQUOT à cet
événement n'est pas un hasard car elle rejoint le
credo qui marque son parcours de part en part depuis la
création de l'École Jehan Fouquet : diffuser l'art au plus grand nombre, voire,
quand cela est possible, initier tous ceux qui le souhaitent
à la pratique artistique. Il déclinera cet objectif
sa vie durant, prenant le risque, en réservant son
énergie pour mettre en valeur les travaux des artistes de
sa région d'adoption, de faire passer sa carrière
propre d'artiste-peintre au second plan.
Épures des costumes de la pièce Les Bourgeois de Calais
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